Ce matin, je me suis recueillie au Mémorial de Yad Vashem. Cela restera pour moi l'un des moments les plus forts de ma venue en Israël. Dans la salle des Enfants, je me suis posée beaucoup de questions sur notre monde. J'ai pensé à la Shoah, au peuple juif, à sa souffrance, à son martyre. C'est aussi dans ces moments que l'on mesure la responsabilité de l'engagement politique. On s'engage en politique pour construire un monde meilleur. Un monde de paix, de justice et de fraternité. C'est ce message d'espoir que je suis venue porter sur cette terre d'Israël et dans cette prestigieuse Université d'Herzliyya. Je tiens tout particulièrement à remercier le Professeur REICHMAN pour l'excellent accueil qu'il m'a réservé. C'est aussi un véritable plaisir de rencontrer l'une des grandes figures de la cause des droits de l'Homme. Je suis aussi venue à Herzliyya pour vous parler de la France. De cette France amie d'Israël. De cette France qui, depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, est en train de se réformer, de se moderniser, de s'adapter aux enjeux du XXIè siècle. De cette France qui devient plus forte chez elle pour mieux travailler pour la paix dans le monde. Depuis près de dix-huit mois, la France est en mouvement, une France qui change. Pendant de longues années, la France est restée immobile. On parlait de réformes : elles étaient sans cesse repoussées. On parlait de rapprocher les Français : on laissait le communautarisme se développer. On parlait de solidarité : l'exclusion s'accentuait. Nicolas Sarkozy a donné un nouveau souffle à la France. Il l'a aidée à retrouver ses vraies valeurs. Ces valeurs universelles qui ont fait la richesse de la France. Ces valeurs qui font aussi la grandeur de l'Etat d'Israël. La Nation française s'est construite au fil des siècles sur le courage des hommes et des femmes qui étaient ses enfants. Elle a aussi accueilli, au nom de la liberté et des droits de l'Homme, ceux qui à travers le monde cherchaient une protection. Aujourd'hui, la France a mille visages. Elle est multiple. Et je vous le dis avec force : cette diversité est la richesse de mon pays. La France est pleine de talents, pleine d'idées, pleine d'énergies qui ne demandent qu'à s'épanouir. Il y a ceux qui font le choix du repli sur eux-mêmes, du communautarisme, du rejet de l'intégration républicaine. Il a aussi ceux qui rejettent l'autre et ses différences. Je vous le dis sans détour : ça, ce n'est pas la France, ni sa tradition. C'est pour cela que Nicolas Sarkozy a souhaité mettre en place une nouvelle politique. Une politique dans laquelle les valeurs de notre République occupent une place centrale. Une politique dans laquelle le travail est encouragé, où la liberté d'entreprendre est facilitée, où l'esprit d'entreprise est valorisé. Une politique qui fixe des repères, des règles et un cadre de vie. Une politique où chacun, sans distinction de race, de religion, de couleur de peau, peut trouver sa place. Il faut rétablir le respect, l'égalité, la solidarité avec les plus pauvres. Il faut toujours défendre l'esprit d'ouverture, l'humanisme et la liberté. Vous en êtes l'exemple. Il faut privilégier la créativité, l'inventivité et la tolérance. Cela commence dès l'école : aujourd'hui l'école redevient un lieu de savoir, de culture et de pensée. Un lieu où l'on apprend à aimer la France, à respecter l'autorité et à vivre ensemble dans le respect des autres. Cela passe aussi par la réforme de nos universités, par des services publics plus performants, par un meilleur respect de l'environnement.... La Justice est l'un des piliers de la démocratie et de l'Etat de droit. Je sais que vous, les Israéliens, vous êtes profondément attachés à la justice de votre pays. Vous avez raison. Comme ministre de la Justice, j'ai voulu que la Justice protège mieux les Français. Le droit à la sécurité est le premier des droits. C'est pour cela que nous avons mis en place des centres fermés qui permettent de prendre en charge les criminels toujours dangereux après la fin de leur peine. C'est pour cela aussi que nous avons mis en place un régime de peines minimales pour les récidivistes. J'ai aussi voulu que la justice apporte davantage d'humanité, qu'elle soit plus attentive aux victimes. Je pense en particulier aux personnes qui subissent au quotidien l'antisémitisme, le racisme et les discriminations. Dans une démocratie, chacun a les mêmes droits. Ils sont fixés par la loi et ne dépendent pas de l'origine, des croyances ou du mode de vie. En France, la discrimination est une infraction pénale. Elle n'était pas suffisamment sanctionnée. Depuis plus d'un an, chaque tribunal de France dispose d'une équipe chargée de la lutte contre les discriminations. J'ai demandé à tous les Procureurs Généraux de lutter fermement contre l'antisémitisme. Nous avons triplé le nombre de condamnations en 6 ans. L'antisémitisme, la discrimination, c'est la négation du principe de l'égalité, c'est la négation de la dignité, c'est la négation de toute humanité. On ne peut pas assumer sa différence quand on n'est pas respecté. On ne peut pas s'ouvrir aux autres quand on se sent humilié. La discrimination engendre la haine. Et on ne bâtit jamais rien sur la haine. Hier, je suis allée à RAMALLAH, à la rencontre de jeunes Palestiniens. Ils m'ont parlé de leur souffrance et d'un sentiment d'injustice. Ils m'ont aussi parlé de la colère d'un peuple qui se sent prisonnier derrière des murs et des postes de contrôle. Je leur ai répondu qu'ils ne doivent pas renoncer à la vie mais à la violence. La France aime et respecte Israël. J'aime et je respecte Israël. J'aime les israéliens. Quand on parle entre amis, je crois que l'on peut se dire ouvertement certaines choses. Israël est une grande démocratie qui connaît le poids des souffrances et des injustices. Le peuple israélien doit pouvoir vivre dans la paix et dans des frontières sûres et reconnues. Cela ne sera possible que lorsque le peuple palestinien aura le sentiment d'être respecté et traité avec justice. C'est l'injustice qui attise la violence. C'est le sentiment d'humiliation qui pousse les peuples à se réfugier dans le fanatisme et l'extrémisme. Il n'y aura pas de paix au Proche-Orient sans égalité des peuples. C'est un principe que nous voulons défendre. Car la France souhaite contribuer à la paix dans le monde. La France a toujours cherché à défendre la liberté, les droits de l'homme et la démocratie. Pendant trop longtemps, la France est restée en retrait de la scène internationale, faute d'ambitions, faute d'engagement. Nicolas Sarkozy a souhaité rompre avec cette politique souvent source de malentendus. Israël le sait très bien. Aujourd'hui, la France est de retour en Europe : depuis le 1er juillet, la France préside l'Union européenne. C'est l'occasion de donner un nouveau souffle à cette institution, de lui donner une nouvelle ambition. L'Union pour la Méditerranée est une priorité du Président de la République. Il s'agit d'une véritable main tendue à tous les peuples de la région. C'est un projet généreux au service de l'amitié et de la confiance. Lors du sommet historique du 13 juillet à Paris, la quasi-totalité des dirigeants des pays arabes étaient assis aux côtés de votre Premier ministre. C'est le signe que l'on peut aujourd'hui discuter et sortir le Proche-Orient de la crise. La France est enfin de retour dans le monde. Nicolas Sarkozy parle avec tous les dirigeants de la scène internationale, sans préjugés. La France est avec ses alliés. Elle s'est engagée aux côtés des Etats-Unis et de l'OTAN en Afghanistan. C'est un combat difficile : 10 soldats français ont trouvé la mort au mois d'août dernier lors d'une embuscade. Mais c'est un combat nécessaire, pour une cause juste : la lutte contre le terrorisme, la lutte pour nos valeurs, la lutte pour la liberté. En 1986 et en 1995, la France a été victime du terrorisme. Ce sont des moments tragiques et douloureux dans la vie d'un pays. Je dis cela sur cette terre d'Israël qui a tant de fois été frappée et meurtrie par le terrorisme. Vous le savez comme moi, il n'y a ni excuse, ni justification au terrorisme. On ne discute pas avec les terroristes. On se bat contre eux. La France soutient toujours le peuple israélien quand sa sécurité et son intégrité sont menacées. La France s'oppose toujours à ceux qui veulent détruire Israël. Je l'ai dit hier dans les Territoires palestiniens. Le peuple israélien a le droit de vivre dans la paix et la sécurité. Et le peuple palestinien a le droit d'avoir un Etat et d'y exercer sa souveraineté dans la paix et le respect de ses voisins. La sécurité du peuple israélien passe par le dialogue avec le peuple palestinien. Sans cette condition, il n'y aura pas de paix au Proche-Orient. Il faut s'ouvrir au dialogue et à l'échange. Il faut aller au-delà de ses propres blessures. Il faut regarder ce qui rapproche et non ce qui sépare. Il faut que le rapport de force s'efface et laisse sa place au droit et à la justice. La paix se gagne par des efforts réciproques et simultanés, comme les peuples allemand et français ont réussi à le faire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. * * * Mesdames et Messieurs, La France change, c'est aujourd'hui une réalité. Cette évolution se fait dans la sérénité et avec la détermination du Gouvernement. La France affiche clairement sa relation privilégiée avec Israël. Elle ne cache pas non plus les liens qu'elle entretient avec le peuple palestinien. Nous menons une politique transparente, d'équilibre et sans a priori. Nous tenons un seul discours, celui de la franchise et de la paix, comme le Président de le République Nicolas Sarkozy l'a dit à la Knesset et à Bethléem. La paix au Proche-Orient est toujours incertaine. Beaucoup d'événements s'enchaînent en ce moment : l'arrivée d'un nouveau Gouvernement en Israël, les prochaines élections dans les Territoires palestiniens, l'élection du futur président américain... Ce sont des tournants importants. Je souhaite qu'ils soient porteurs de paix et d'espoir pour les peuples d'Israël et de Palestine. C'est l'avenir du monde qui est en jeu. Car la sécurité du monde dépend, en grande partie, de la paix au Proche-Orient. Je vous remercie. Source: Ministère de la Justice |