A la veille d'un vote au Parlement sur l'engagement français en Afghanistan, Paris et l'Otan sont montés au créneau dimanche pour démentir l'existence d'un rapport «secret» affirmant que les soldats français étaient sous équipés lors de l'embuscade meurtrière d'août.
La polémique sur les combats du 18 août (dix soldats français tués et 21 blessés par quelque 150 talibans dans la vallée d'Uzbeen, à l'est de Kaboul) a rebondi samedi avec l'annonce par le journal canadien Globe and Mail de l'existence d'un rapport «secret» de l'Otan selon lequel les Français avaient manqué de munitions et de moyens de communication, face à des rebelles bien équipés.
L'Otan et les autorités françaises ont démenti, bien entendu, dimanche l'existence d'un tel document secret.
«Je suis en mesure d'affirmer qu'il n'y a eu aucun rapport, ni de l'Otan, ni de l'Isaf (la force internationale en Afghanistan) sur ces événements», a affirmé à l'AFP le porte-parole de l'Alliance, James Appathurai.
«L'Otan n'a aucun doute sur les capacités et l'entraînement des forces françaises», a-t-il aussi déclaré.
«Il n'y a pas de rapport de l'Otan», a confirmé pour sa part le porte-parole de l'état-major français, le capitaine de vaisseau Christophe Prazuck, qui a fait état de «rumeurs».
Mais il n'est pas impossible que l'annonce d'un tel rapport «secret», "qui n'a jamais existé", trouve son origine dans les auditions de soldats impliqués dans ces combats meurtriers, a-t-il expliqué.
«On a recueilli des témoignages individuels, et partiels» de soldats sur cette embuscade, et ces témoignages ont pu provoquer des «rumeurs» qui ont ensuite pris la forme d'un «rapport secret», a-t-il dit à l'AFP.
Il n'en a pas moins démenti les principales affirmations du Globe and Mail, à la veille d'un vote -attendu positif- lundi au parlement, sur la poursuite de l'engagement militaire français en Afghanistan (3.300 militaires engagés, dont 2.600 en Afghanistan même).
Selon le journal citant le fameux rapport, les soldats français n'avaient pas suffisamment de balles ni d'équipement de communication. Ils ont été obligés d'abandonner le combat après seulement 90 minutes d'engagement, à court de munitions, poursuit le quotidien canadien de référence.
Faux, répond le commandant Prazuck: «On a toujours été en mesure de répondre aux tirs des talibans. Dans des combats qui ont duré neuf heures, il y a eu réapprovisionnements, "par des navettes d'hélicoptères"», a-t-il ajouté.
Selon le journal canadien, les soldats français n'avaient qu'une seule radio, qui s'est trouvée rapidement hors service, empêchant les soldats d'appeler leurs camarades au secours.
Faux, explique le commandant Prazuck: «L'interruption des liaisons radio n'a duré que quelques minutes, lorsque le radio (le soldat portant l'émetteur-récepteur) a été tué».
Dans son article, le journal canadien explique encore, sur la fois de ce «rapport», que les insurgés afghans étaient, eux, extrêmement bien préparés, accompagnés de tireurs d'élite, entraînés aux techniques de guérilla et équipés en balles incendiaires.
«La précision de l'ennemi était très bonne», note le rapport cité par le journal.
Le journal ajoute par ailleurs que les talibans se sont vantés auprès de l'un de ses journalistes avoir fait des prisonniers parmi les soldats français durant cette embuscade.
Faux, affirme le commandant Prazuck: «Quatre corps de soldats ont été regroupés (par les talibans), mais il n'y a pas eu de prisonniers», a-t-il dit à l'AFP.
"Regroupés" mais pas "prisoniers"! Le commandant Prazuck a le sens des nuances!
Il cherche à étouffer le scandale, mais personne n'est dupe! Nos soldats sont envoyés au combat MAL EQUIPES: pour eux, "les caisses sont vides"!
Et les témoignages de ces militaires qui, eux, risquent leur peau, ne sont pas des RUMEURS! Ils disent la vérité, ceux ont vu la mort de si près.