La journée de mercredi a vu la montée en puissance des moyens de secours déployés en Haïti dont 200 sauveteurs sont déjà sur place, tandis qu'un vaste élan de solidarité se déployait dans l'hexagone. Les deux premières victimes françaises du séisme, des salariés d'une entreprise de BTP basée dans le Cantal, ont été identifiées alors que plus d'un millier de Français se trouvaient à Port-au-Prince au moment du séisme.
Quatre-vingt onze Français, selon Bernard Kouchner, blessés ou choqués, ont été évacués vers la Martinique. Le Quai d'Orsay a ouvert un deuxième numéro de téléphone d'urgence pour les familles de personnes résidant en Haïti. Ce numéro est le 0810.006.330. Un premier numéro avait été créé mercredi: 01.45.50.34.60. En France, le président Nicolas Sarkozy, qui se rendra en Haïti " dans les semaines qui viennent ", a annoncé que la France allait acheminer deux navires militaires sur place et appelé à une "grande conférence" pour la reconstruction d'Haïti.
Pour l'heure, l'implication gouvernementale de la France dans les secours s'articule à trois niveaux selon la Direction de la Sécurité civile. Elle précise qu'"un "premier détachement d'extrême urgence en provenance de la zone Antilles" (40 sapeurs-pompiers spécialistes en sauvetage/déblaiement avec chiens et caméras thermiques) a été engagé le 13 janvier. Les sauveteurs sont à l'oeuvre sur le chantier de l'hôtel Montana" à la recherche d'éventuels survivants. "Un deuxième détachement national arrivé à Port-au-Prince a été constitué à partir d'unités de sapeurs-pompiers de la zone sud et de l'unité de sécurité civile de Brignoles" (60 spécialistes en sauvetage/déblaiement, avec 6 chiens de recherche). Il devrait être engagé sur trois nouveaux secteurs déterminés localement".
"Allègement des conditions du regroupement familial"
"Un troisième détachement" (médical et logistique), en provenance d'Ile-de-France et des Bouches-du-Rhône, composé de pompiers et de militaires de la brigade des pompiers de Paris et de Marseille, a décollé de Roissy. Il est constitué d'une centaine de spécialistes (médecins, infirmiers qualifiés en médecine de catastrophe)" munis de "stations de traitement et de conditionnement d'eau potable". Ainsi, 200 hommes déjà à pied d'oeuvre, sous la responsabilité de l'ambassadeur de France en Haïti. Communauté haïtienne en France, associations, collectivités locales, syndicats : hors les moyens de l'Etat mis en oeuvre, un puissant élan de solidarité se développe en France alors que le temps presse.
Après l'extraction des victimes des décombres, "pour sauver des vies, la prise en charge chirurgicale se fait idéalement dans les 48 premières heures", a expliqué jeudi à l'AFP le président de Médecins du monde (MDM), Olivier Bernard, soulignant qu'"on entre dans une période critique". ACF et MDM envoient chacun vendredi un charter de matériel. Médecins sans frontières (MSF) a affrété un avion cargo transportant un hôpital de campagne, et quatre médecins, dès jeudi soir depuis Bordeaux. Sur place, la Croix-Rouge française achemine vers la capitale une unité de potabilisation de 40.000 litres d'eau par jour et de "kits familiaux" (abris, couvertures). Elle fait aussi partir du matériel de Guadeloupe et de métropole, dont 40 tonnes de Paris vendredi soir.
Des collectivités comme la Région Rhône-Alpes, les conseils généraux de l'Essonne ou de Maine et Loire ont, elles, activé des fonds de solidarité. La CGT a lancé un appel aux dons. A Saint-Denis, une cellule psychologique a été mise en place jeudi pour aider les Haïtiens de France, tandis que les représentants de la communauté haïtienne étaient conviés en début de soirée par Patrick Karam, le délégué interministériel pour l'Egalité des chances des Français d'outre-mer, à une rencontre pour mettre sur pied "un dispositif d'urgence qui faciliterait les démarches des familles". A Paris, le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a annoncé "un dispositif exceptionnel d'accueil en France des victimes", notamment un "allègement des conditions du regroupement familial".
(Source: Le Point - 14.01.10)