FATIMA — Un demi-million de personnes ont participé jeudi à la messe célébrée par Benoît XVI à Fatima prouvant ainsi, selon l'Eglise, que le peuple chrétien soutient son pape face à la crise des scandales pédophiles.
Pour le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, cette affluence montre que le scandale des abus sexuels n'a pas "affaibli" le soutien des fidèles au pape, un fait qu'il a jugé "très encourageant".
Selon le porte-parole de l'épiscopat portugais, le père Manuel Morujao, "environ un demi-million" de personnes assistaient jeudi matin à la messe papale, soit "plus qu'en 2000", lors du dernier pèlerinage de Jean Paul II à Fatima.
"Les chrétiens ont voulu envoyer un message et dire que le pape, et celui-ci en particulier, est très aimé", a déclaré à l'AFP le père Morujao.
"En ce qui concerne la crise et les scandales, le peuple a voulu montrer qu'il sait faire la distinction entre les exceptions (des affaires de pédophilie dans le clergé) et la très grande majorité des prêtres", a-t-il estimé.
La présence d'un demi-million de personnes a ensuite été confirmée par le porte-parole du Vatican. "Les chiffres (...) sont de 500.000 personnes présentes à Fatima", a déclaré le père Lombardi, citant notamment la police.
Le pape "est très content et a été très touché par l'affluence", a-t-il souligné.
"Alors qu'on pouvait penser que le scandale des abus pourrait affaiblir la vitalité et l'attention envers le pape, il n'en est rien", a déclaré le père Lombardi. "Le fait que se manifeste de façon aussi évidente la force de la foi est très encourageant", a-t-il estimé.
Selon les forces de sécurité, l'esplanade du sanctuaire de Fatima, d'une capacité de 300.000 personnes, était "bondée" et des dizaines de milliers de pèlerins "ont dû être bloqués, faute de place", se massant dans les espaces alentour.
De nombreux fidèles avaient passé la nuit sur le parvis, dormant à la belle étoile malgré la pluie et la fraîcheur des températures nocturnes.
La messe a débuté peu avant 10h30 (09h30 GMT) après que le pape se fut recueilli dans la chapelle des Apparitions.
Juste avant, la statue de la Vierge de Fatima, reposant sur un lit de roses blanches, avait été portée jusqu'à l'autel, précédée d'une procession d'évêques vêtus de blanc, pendant que les pèlerins entonnaient l'Ave Maria.
Jean Paul II, convaincu que la Vierge de Fatima lui avait sauvé la vie lors de l'attentat du 13 mai 1981 à Rome, avait offert au sanctuaire la balle qui l'avait grièvement blessé, aujourd'hui enchâssée dans sa couronne.
"Je suis venu à Fatima pour prier, avec Marie et de nombreux pèlerins, pour notre humanité affligée par des détresses et des souffrances", a dit Benoît XVI dans son homélie.
"A la famille humaine prête à sacrifier ses liens les plus saints sur l'autel de l'égoïsme mesquin de la nation, de la race, de l'idéologie, du groupe, de l'individu, notre Mère bénie est venue du ciel pour mettre dans le coeur de ceux qui se recommandent à Elle l'amour de Dieu qui brûle dans le sien", a-t-il dit, en référence au "message" transmis par la Vierge, selon l'Eglise, à trois petits bergers de Fatima, Jacinta, Francisco et leur cousine Lucia.
Selon l'Eglise, lors d'apparitions répétées, la Vierge a révélé à ces enfants en 1917 trois "secrets", jugés prophétiques de l'Histoire du 20e siècle.
Si les deux premiers "secrets" étaient connus depuis le début des années 40, le troisième n'a été rendu public qu'en mai 2000 lors de la dernière visite de Jean Paul II à Fatima, la hiérarchie catholique "révélant" alors qu'il prédisait l'attentat contre le pape polonais.
Mardi, dans l'avion qui l'amenait au Portugal, Benoît XVI avait élargi l'"interprétation" de ce secret à la lumière de la crise qui secoue l'Eglise depuis le début, en novembre, de la vague de scandales pédophiles impliquant des membres du clergé, en Europe et partout dans le monde.
Le pape avait déclaré qu'"en plus de cette grande vision de la souffrance du pape (...), au-delà de la personne du pape, (...) ce sont des souffrances de l?Eglise qui sont annoncées".
Jeudi, dans son homélie, Benoît XVI a laissé un avertissement : "Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait."
AFP. 13/05/10