L'enthousiasme aura été de courte durée. La révélation des mensonges de la police mexicaine a été accueillie mardi par les proches de la Française incarcérée au Mexique comme «la première bonne nouvelle» depuis le début de cette affaire. «Il faut absolument qu'elle sorte (...). C'est pour nous un grand espoir, un grand pas en avant», a ainsi réagi Charlotte Cassez, la mère de Florence. Mais le Parquet général mexicain, équivalent du ministère de la Justice, a douché ces espoirs quelques heures plus tard.
«Il s'agit d'un cas jugé», tranche Ricardo Najera, directeur général de la communication du Parquet général, estimant que le dossier est «strictement basé sur le droit». Pour lui, la mise en scène de l'arrestation de la jeune femme ne constitue pas une irrégularité de procédure. «Il est normal que l'accusation et la défense aient des versions différentes et des arguments opposés», a osé le porte-parole, réaffirmant «la conviction absolue» du Parquet général de la culpabilité de Florence Cassez. Il a également écarté comme accessoires plusieurs erreurs dans le dossier de l'accusation, selon lequel, par exemple, la Française faisait déjà partie de la bande des Zodiaques en 2002, alors qu'elle n'est entrée pour la première fois au Mexique qu'en 2003.
La France «plus que jamais mobilisée»
Les avocats de la défense misaient pourtant sur les révélations des manipulations policières pour relancer le dossier. «A partir du moment où le procès-verbal d'interpellation de ma cliente est un faux, je crois que la messe est dite», a estimé Me Frank Berton. «On va déposer un recours devant la Cour suprême, compte tenu de cet élément qui a été caché à la défense de Florence Cassez, qui ne lui a pas permis depuis le début d'avoir un procès équitable», a-t-il annoncé. Un recours qui pourrait toutefois durer plusieurs mois. L'avocat français a par ailleurs annoncé qu'il allait porter plainte en France contre deux anciens responsables de la police mexicaine pour «faux en écritures». «Il va falloir que l'Etat mexicain et la justice mexicaine cessent de harceler et de détruire Florence», a-t-il lancé.
La France est «plus que jamais mobilisée» pour Florence Cassez, a affirmé de son côté le ministère des Affaires étrangères à Paris. Le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a rappelé que Paris avait déjà par le passé «exprimé sa préoccupation sur les conditions de cette interpellation, des conditions qui empêchent la régularité de la procédure». Les autorités françaises ont aussi déjà évoqué «les multiples irrégularités et zones d'ombre qui nous conduisent à penser que notre compatriote n'a pas bénéficié d'un procès juste et équitable, a-t-il poursuivi. Cette affaire n'est pas close.»
Le Figaro - 21/04/2010