Fadela Amara rend public ce matin le contenu des doléances et rêves écrits depuis cinq mois par des jeunes sur le blog Pour ma ville. Des milliers de messages d'où il ressort que la vie en banlieue est surtout source d'ennui...
Qu'est-ce qui inquiète en priorité les ados des cités ? Les relations avec la police ? L'échec scolaire ? La peur du chômage ? Les discriminations ? Non, ce qui fait étonnamment le plus tchatcher de l'autre côté du périphérique, c'est « le manque d'activités », le « manque d'événements festifs, de commerces, d'équipements sportifs ou tout simplement de lieux de vie pour se retrouver entre adolescents ».
C'est ce que révèle un rapport présenté ce matin par la délégation interministérielle à la Ville, réalisé par le sociologue Sébastien Roché. « On pourrait qualifier l'ennui de problème numéro un dans les quartiers », lit-on dans cette étude.
Le spécialiste de la banlieue a décrypté la moitié des 11 000 contributions reçues sur le blog baptisé Pour ma ville de la secrétaire d'Etat Fadela Amara. Lancée le 30 juillet sur la plate-forme Skyblog orchestrée par la radio de rap Skyrock qui cartonne sur les dalles de l'Hexagone, cette consultation électronique était l'occasion, pour le membre du gouvernement, de prendre le pouls de la génération Diam's. Mais aussi de cibler ses besoins alors qu'elle doit annoncer dans un mois son plan pour la banlieue, un plan « anti-glandouille » pour justement lutter contre le « désoeuvrement » de ces « mômes » qui « tiennent les murs » et « squattent les halls d'immeubles ».
Une forte demande de bus...
La thématique « cadre de vie » est arrivée en tête des préoccupations, avec 965 commentaires dont 279 portant sur les « activités pour les jeunes ». Les questions liées à l'éducation (116 contributions) ou aux discriminations (48) sont, elles, reléguées au second plan. « Les attentes concernent en grande partie l'environnement dans lequel vivent les jeunes », dit l'enquête.
Seulement voilà, cette population qui se sent abandonnée ne sait souvent pas « vers qui se tourner pour résoudre un problème, demander la création de nouveaux équipements dans leur commune ». L'absence d'interlocuteurs est d'ailleurs « une difficulté souvent rencontrée ». « Les jeunes expriment une volonté de s'engager dans le monde associatif sans toutefois savoir à qui s'adresser », observe Sébastien Roché. Enfin, la jeunesse des barres HLM juge l'offre de transports en commun très insuffisante, ce qui contribue à nourrir l'ennui quotidien. Quitter les cages d'escaliers pour occuper son temps libre ailleurs qu'en périphérie est « trop galère ».
(Le Parisien 17.12.07)