Rattrapé par des écrits datant de 2005 sur le "tourisme sexuel", Frédéric Mitterrand est sommé de s'expliquer face à l'ampleur de la polémique, qui divise à gauche et embarrasse à droite, malgré le soutien au ministre affiché par le gouvernement.
L'ancien homme de télévision va revenir sur son ouvrage
La mauvaise vie, où il confessait son penchant pour les garçons durant des séjours en Thaïlande, à l'origine d'une virulente campagne à retardement lancée par l'extrême droite, mobilisée depuis son soutien au cinéaste Roman Polanski.
La polémique a été jugée suffisamment importante pour que soit organisée dans la matinée à l'Elysée une réunion où il a été décidé que le ministre intervienne au journal de 20H00 de TF1, selon des sources proches de l'UMP.
Conseiller spécial de M. Sarkozy, Henri Guaino a qualifié d'"indigne" la polémique, soulignant qu'"il n'y avait pas de faits" contre lui.
"Le Premier ministre lui a fait part de son soutien personnel mercredi en marge du conseil des ministres", a-t-on indiqué dans l'entourage de François Fillon.
Nicolas Sarközy, qui ne s'est pas exprimé publiquement, avait jugé "courageux et talentueux" le livre incriminé, dans un entretien, cet été, au Nouvel Observateur.
Quatre ans après sa publication, l'ouvrage agite les rangs du Parti socialiste, dont le porte-parole, Benoît Hamon, a dénoncé mercredi un "ministre consommateur" de tourisme sexuel.
Arnaud Montebourg a exigé la "révocation" de M. Mitterrand, tout comme Jean-Paul Huchon, président de l'Ile-de-France, et Manuel Valls a demandé au chef de l'Etat de statuer sur "son sort".
Choqué par cette "offensive populiste" de l'extrême-droite, le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, a, en revanche, défendu le ministre, dont le livre décrit, selon lui, "l'impasse de toute relation tarifée".
Du côté des écologistes, Daniel Cohn-Bendit, qui avait condamné le soutien à Roman Polanski, a jugé "minable" l'attaque de M. Hamon. Plus nuancée, Cécile Duflot (Verts) a appelé ne pas "pas faire d'amalgame entre pédophilie et homosexualité", appelant à "poser la question simplement" au ministre.
Me Georges Kiejman, avocat de Roman Polanski et ami de Frédéric Mitterrand, a appelé à la démission de M. Hamon, accusé de "paroles ignorantes et populistes".
Dans la majorité, la mise au point de M. Mitterrand a été réclamée par plusieurs ministres, qui lui ont apporté leur soutien.
Récemment tancé pour ses propos équivoques devant un militant UMP d'origine arabe, Brice Hortefeux (Intérieur) a récusé "les jugements à l'emporte-pièce". "On lui fait payer tout simplement son entrée au gouvernement", a réagi Fadela Amara (Ville), autre ministre d'ouverture.
Laurent Wauquiez (Emploi) a dénoncé une "politique de fond de cuve", tout en appelant M. Mitterrand à une clarifier sa "sphère privée".
"Laissons Frédéric Mitterrand s'exprimer", a renchéri Luc Chatel (porte-parolat et Education). "A tout pécheur miséricorde!", a lancé le patron des sénateurs UMP, Gérard Longuet.
Opposé à toute "chasse à l'homme", Xavier Darcos (Travail et famille) l'a toutefois exhorté à "répondre autrement que simplement par l'indignation".
M. Mitterrand n'a jusqu'ici réagi que par un mépris laconique. "Etre traîné dans la boue par le Front national est un honneur", a-t-il dit mercredi, avant de qualifier de "honte" le fait que la gauche aille "rejoindre le Front national".
Marine Le Pen (FN), qui a lancé la polémique, a réaffirmé que la présence de M. Mitterrand posait une "tache indélébile sur le gouvernement aux yeux du monde entier".
AFP. 08.10.09