Interdit!
Les animaux permis et interdits
L'ETERNEL parla à Moïse et à Aaron, en leur disant :
2) « Parlez ainsi aux enfants d'Israël: Voici les animaux que vous pouvez manger, parmi toutes les bêtes qui vivent sur la terre :
3) tout ce qui a le pied corné et divisé en deux ongles, parmi les animaux ruminants, vous pouvez le manger.
4) Quant, aux suivants, bien qu'ils ruminent ou qu'ils aient le pied corné, vous n'en mangerez point : le chameau, parce qu'il rumine mais n'a point le pied corné : il sera impur pour vous;
5) la gerboise, parce qu'elle rumine, mais n'a point le pied corné : elle sera impure pour vous;
6) le lièvre, parce qu'il rumine, mais n'a point le pied corné: il sera impur pour vous;
7) le porc, qui a bien le pied corné, qui a même le sabot fourchu, mais qui ne rumine point: il sera impur pour vous.
8) Vous ne mangerez pas de leur chair, et vous ne toucherez point à leur cadavre: ils sont impurs pour vous.
1. Les mamnifères.
La Bible fournit des critères clairs afin de déterminer quels quadrupèdes sont autorisés. « Toute bête qui a le pied onglé, l’ongle fendu en deux, et qui fait partie des ruminants , vous en mangerez ». La Bible énumère dix animaux autorisés : le bœuf, le mouton, la chèvre, le cerf, la gazelle, le daim, le bouc, l’antilope, le buffle et le chevreuil . Mais les plus courants sont : l’agneau, le bœuf, la génisse, le mouton, la vache, le veau.
Tous les animaux de ce genre sont herbivores.
Les animaux qui répondent seulement à l’une de ces exigences, tels que le porc qui a le sabot fendu mais ne rumine pas, ou le chameau, qui rumine mais n’a pas le pied fendu sont interdits. Sont interdits également à titre d’exemple : le lièvre, la gerboise, le cheval etc.
Symbolique
L'idée que la nourriture forme la nature nous ramène loin en arrière à Philon (Philon d'Alexandrie, philosophe juif hellénisé), qui écrivait il y a plus de 2.000 ans que la consommation d'aliments interdits risque d'affecter notre personnalité. Les lois alimentaires, explique t-il, tendent à nous apprendre à contrôler nos désirs. Philon voit une explication symbolique à l'autorisation qui nous est donnée de consommer des animaux qui ruminent et qui ont le sabot fendu; l'homme ne peut accroître sa sagesse que s'il rumine ce qu'il a étudié et lorsqu'il apprend à disséquer et à faire une distinction entre différents concepts.
Ainsi le fait de digérer est présenté ici comme un signe de maturité : ruminer c’est réfléchir.
Avravanel quant à lui émet la théorie que les animaux ruminants ne possèdent pas l’appareil dentaire qui leur permettrait de broyer et de mâcher des os. Aussi, se nourrissent-ils de végétaux et ils n’ont pas le caractère féroce des bêtes sauvages. Et le fait que leurs sabots fourchus sont dépourvus de griffes les rend pacifiques et inoffensifs. Le sabot non fendu constitue donc une arme. Observons à cet égard, que les prédateurs sont toujours considérés comme impurs.
Samson Rafael Hirsh explique ces lois dans un sens analogue. « Deux actions sont essentielles à la vie de l’animal : la recherche de la nourriture et la défense de la vie. Ces deux actions sont également indispensables à la vie de l’être humain. Mais l’idéal juif les subordonne à un but spirituel. C’est pourquoi la Torah élimine tous les animaux qui possèdent les organes réservés à ces deux fonctions sous leur forme la plus robuste. : les griffes de la bête féroce et l’estomac assimilant sans distinction toute nourriture hâtivement engloutie. Les ruminants aux pieds cornés ne connaissent pas ces organes de rudesse et de violence. Une grande leçon se dégage ainsi de cette loi qui, dans sa simplicité et sa grandeur, a contribué sans aucun doute à former le caractère spécifique d’Israel ».
Les animaux permis, sont ceux qui ruminent et qui ont les sabots fendus.
Qu'est ce que ruminer ? Un animal qui rumine est un animal qui remâche les aliments ramenés de la panse vers la bouche. Ruminer , c'est être tourné vers le passé, s'y accrocher de façon totale. L'Orient est une civilisation de nostalgiques. Les Orientaux se tournent constamment vers le passé qu’ils idéalisent dans la plupart des cas.
Les sabots, quant à eux, sont le symbole de la démarche. La démarche, c'est l'avenir et l’ouverture vers l’autre, c'est le futur et le progrès.
L'Occident, c'est la civilisation du juvénisme, du progrès. Quand on tourne les pages de l'Occident, demain, c'est mieux qu'hier. Tout est mieux parce que c'est nouveau. On pense que, dans la recherche effrénée du progrès, on trouve la solution à tous les problèmes de société. Aujourd'hui, dans nos sociétés, il n' y a qu'un mot qui fasse recette et qui revienne dans toutes les bouches : « Progrès »
En tant que juifs, où nous plaçons nous? Ni le progrès, ni la nostalgie ne contiennent le bonheur de l'homme. Le seul animal cacher , ce n’est pas celui qui rumine seulement. Ce n'est pas celui qui a le sabot fendu seulement. L'animal permis est celui qui rumine et qui a les sabots fendus. Cette loi de l'équilibre, qui est la loi du milieu, nous rappelle que c'est dans ce moyen terme que se trouve la plénitude. Ne rien sacrifier du passé tout en se tournant vers l’avenir.
Ainsi, la réponse de la Torah est claire : « Souviens toi des jours antiques. Médite les annales de chaque siècle. Interroge ton père, il te l'apprendra. Les vieillards, ils te le diront . » Les personnes âgées sont symbole d'expérience, symbole des tempêtes auxquelles on a su faire face, exemple d'une vie qui a su se maintenir malgré les adversités. La Torah imagine des personnes âgées qui auraient accumulé cette expérience de la vie, susceptibles d’être la référence visible de tous les combats de l'existence.
Mais les jeunes constituent l’avenir, la pierre angulaire du judaïsme de demain qu’il faut aider et éduquer. Trouver la perfection, ce n'est possible ni par un retour sur notre passé, ni par une projection exclusive vers notre avenir. La mutation est au présent. Et voilà pourquoi chaque instant de la vie est un instant magique.
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